Sommaires de recherche

Ce ne sont que les apparences

Mots-clés: Mental Disorders, Stigmatisation

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Pourquoi avoir effectué cette étude?

Comme le travail de tous les membres du personnel de la sécurité publique, le travail policier est stressant. Ce stress peut contribuer à augmenter le risque de troubles de santé mentale. La culture organisationnelle de la police encourage souvent les comportements stoïques et de durs à cuire. De telles attitudes peuvent entraîner une perception plus élevée de stigmatisation envers ceux qui sont atteints de troubles de santé mentale. Dans la société, les gens qui souffrent de troubles de santé mentale sont encore souvent stigmatisés. Certaines preuves suggèrent que cette stigmatisation persiste au sein des corps policiers, mais la recherche dans le contexte canadien est limitée.

Les objectifs de la présente étude étaient de :

  • Déterminer ce que les policiers considèrent comme les obstacles qui empêchent de réduire la stigmatisation en milieu de travail;
  • Déterminer si le genre, le rang, et les années de service influencent la perception de stigmatisation des policiers et leur niveau de confort, lorsqu’il s’agit de déclarer un trouble de santé mentale à leur employeur.

Qu’est-ce que l’étude a accompli?

L’information a été recueillie de deux façons : premièrement, 116 policiers de partout au Canada ont été interviewés et ont répondu à des questions ouvertes approfondies. Deuxièmement, les thèmes qui sont ressortis des entrevues ont servi à créer un sondage en ligne auquel 727 agents ont répondu.

Qu’a-t-on découvert?

  • Selon les réponses du sondage, 48 % des participants étaient d’accord que la stigmatisation envers les policiers qui avaient des problèmes de santé mentale avait diminué. Cependant, cette perception variait avec le rang, le genre, le nombre d’années de service, et l’expérience vécue d’un trouble de santé mentale. Les entrevues ont révélé que cet optimisme doit être considéré avec prudence, étant donné que la majorité des agents continue de rapporter des niveaux de stigmatisation au sein de leurs services de police, allant de modérés à élevés.
  • Lors des entrevues, la masculinité traditionnelle était souvent reconnue comme étant l’obstacle le plus important à la réduction de la stigmatisation. Ceci incluait la pression ressentie d’être endurci, stoïque, et indépendant.
  • Les hommes interviewés étaient plus susceptibles de se stigmatiser eux-mêmes, intériorisant la notion selon laquelle souffrir d’un trouble de santé mentale est un signe de faiblesse.
  • Selon les résultats du sondage, la conviction des cadres supérieurs que la stigmatisation avait diminué était 30 % plus élevée que celle des agents de police
  • Les personnes interviewées croyaient que les attitudes et les comportements des cadres supérieurs, et de certains cadres intermédiaires, créaient des barrières organisationnelles à la réduction de la stigmatisation.
  • La majorité des personnes interviewées avaient l’impression que les ressources, les programmes, et la formation mise en œuvre pour combattre la stigmatisation et encourager les gens à demander de l’aide n’avaient pas été un succès.
  • Parmi les participants, 24 % ont mentionné qu’ils dévoileraient avoir des problèmes de santé mentale sans crainte de répercussions sociales ou professionnelles. Dans le cas des cadres supérieures, ce nombre augmentait à 44 %.
  • Les agents qui ont déclaré des troubles de santé mentale à leur employeur ont décrit des comportements de la direction qui les stigmatisaient davantage, ajoutant au traumatisme, ce qui avait une incidence significative sur leur rétablissement. Ces derniers ont souvent démissionné tôt ou ont pris de longs congés de maladie.
  • Les femmes ont manifesté croire plus fermement à la réalité de la stigmatisation, cependant les hommes ont rapporté des taux plus élevés d’évitement et d’autostigmatisation.
  • Selon les résultats, autant ceux des entrevues que ceux du sondage, les participants qui avaient une expérience vécue ont rapporté le taux de croyance le plus élevé en matière de stigmatisation persistante et de risque liés à la déclaration d’un trouble de santé mentale à leur service.

Quelles mesures prendre maintenant?

Quoique certains progrès aient été faits, les résultats suggèrent que les progrès sont graduels et irréguliers. Les résultats de cette étude révèlent qu’il faudrait des efforts importants afin de comprendre comment changer la culture organisationnelle qui entretient toujours la stigmatisation et la peur en ce qui a trait aux troubles de santé mentale. Les agents de police ont besoin de ressources confidentielles et adaptées à leurs besoins, ainsi que des politiques et des procédures qui normalisent les troubles de santé mentale comme étant un risque du métier, et non un échec personnel. Dans le sondage, les policiers ont suggéré d’autres points tels que : un apprentissage efficace pour renforcer la sensibilisation et l’acceptation (en commençant par la direction); le soutien social des pairs et des dirigeants; ainsi que des politiques de retour au travail.

La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.

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Étude d’origine :

Bikos, L.J. (2020) “It’s all window dressing:” Canadian police officers’ perceptions of mental health stigma in their workplace. Policing: An International Journal, 44(1), 63-76. https://doi.org/10.1108/PIJPSM-07-2020-0126

Sommaire préparé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et Bikos, L.J.

Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.

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