Sommaires de recherche

Crainte de contracter une maladie infectieuse : points de vue des agents correctionnels recrus

Mots-clés: Anxiété, Fear, Santé

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Pourquoi avoir effectué cette étude?

Les prisons, des espaces restreints avec peu d’options pour la distanciation physique, sont mal aérées facilitant ainsi la propagation des maladies. En effet, les taux d’infection du VIH/sida et de l’hépatite C parmi les détenus fédéraux au Canada sont 32 fois plus élevés que ceux de la population générale. La pandémie de la COVID-19 a aussi frappé particulièrement durement les prisons. En effet, entre février et décembre 2020, le risque d’infection chez les détenus dans les pénitenciers fédéraux était trois fois plus élevé que chez la population générale. Bien que les taux élevés de propagation de maladies infectieuses dans les pénitenciers affectent négativement la santé et la sécurité au travail des agents correctionnels, la plupart des gens tendent à considérer les risques de contagion, comme étant un simple défi en milieu de travail. La présente étude propose que le risque de propagation des maladies infectieuses dans les pénitenciers soit plus qu’un défi; à cause du stress et de la vulnérabilité de longue durée liés à ce risque, il constitue aussi une blessure de stress opérationnel.

L’étude documente les points de vue des agents correctionnels recrus (ACR) concernant les maladies infectieuses dans les pénitenciers fédéraux avant la pandémie de la COVID-19. Les chercheurs voulaient comprendre les sources des craintes des agents correctionnels recrus et les stratégies qu’ils adoptaient pour atténuer les risques.

Qu’est-ce que l’étude a accompli?

Entre 2018 et 2020, dans le cadre d’une étude plus approfondie, des entrevues ont été effectuées auprès de 71 ACR (38 hommes, 33 femmes). Ces entrevues semi-structurées comportaient des questions portant sur de nombreux sujets, dont le Programme d’échange de seringues en prison (PESP). Quoiqu’ils aient répondu à des questions concernant le programme, la plupart des participants exprimaient volontairement que les maladies infectieuses et le risque de contagion représentaient un enjeu professionnel.

Qu’a-t-on découvert?

  • Tous les ACR ont rapporté qu’ils craignaient les maladies infectieuses, dont 25 % ont qualifié la contagion comme étant leur «pire» crainte.
  • La crainte d’être exposé à des infections incurables ou difficiles à guérir était le thème le plus récurrent.
  • Pour la plupart, la crainte était fondée sur des inquiétudes à propos de leurs familles, particulièrement les conjoints et les enfants.
  • Les seringues et les fluides corporels étaient les sources de contamination les plus redoutées.
  • On craignait les seringues parce qu’elles pouvaient facilement être dissimulées et que les agents correctionnels (AC) pouvaient facilement être piqués, accidentellement ou intentionnellement.
  • 40 % des AC étaient préoccupés par le fait que, même avec le programme PSEP, les seringues seraient partagées quand même.
  • On s’inquiétait aussi que les seringues servent d’armes.
  • Les AC avaient l’impression que l’accès libre aux seringues priorisait la sécurité des détenus plutôt que celle des AC.
  • L’inquiétude concernant les fluides corporels était aussi courante et basée sur la notion qu’ils pouvaient être utilisés de loin.
  • Les AC ont rapporté qu’ils se sentiraient plus en sécurité si la direction les informait des maladies des détenus, ce qui est interdit selon les lois sur la protection des renseignements personnels.
  • Plusieurs participants ont rapporté qu’ils se sentaient plus en sécurité avec de l’ÉPI.
  • Les participants considéraient établir des liens avec les détenus comme étant une stratégie efficace pour limiter leur risque.

Quelles mesures prendre maintenant?

On ne s’attendait pas aux données recueillies dans cette étude. Davantage de recherche ciblée sera nécessaire afin de déterminer si les résultats sont cohérents. Toutefois, ces entrevues montrent que la crainte de contracter une maladie infectieuse chez les ACR du système correctionnel fédéral est bien réelle. Bien que le risque d’exposition à des maladies infectieuses soit faible, la crainte que vivent les ACR et les AC peut avoir un impact professionnel et personnel, étant donné qu’un état de crainte prolongé peut entraîner des troubles de santé mentale. Dans les entrevues, il était aussi clair que tous les ACR ne comprenaient pas bien les modes de transmission des maladies. Les chercheurs recommandent de revoir les modules de formation couvrant les maladies transmises par le sang, afin de permettre aux ACR de bien comprendre leur niveau de risque. Développer une relation était une stratégie courante mentionnée comme protection possible à l’exposition à des maladies infectieuses. Cependant, cette stratégie dépend de la capacité personnelle de l’AC à établir des liens avec les détenus, et ne protège pas tous les AC. Afin de protéger tous les AC, les maladies infectieuses dans les pénitenciers devraient être gérées comme étant une question de santé et de sécurité au travail.

La formulation originale de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.

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Étude d’origine

Cassiano, M.S., Ozturk, F., & Ricciardelli. R. (2021). Fear of infectious diseases and perceived contagion risk count as occupational health and safety hazard: Accounts from correctional officer recruits in Canada. Journal of Criminology. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/26338076211058250

Sommaire de recherche rédigé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes, M. S. Cassiano, et R. Ricciardelli.

Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes

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